Conception et écriture

  • Patrick Mohr
  • Michele Millner
  • Yvan Rihs

Incluant des textes de

  • Tahar Ben Jelloun
  • John Berger
  • Nicolas Bouvier
  • Tony McGregor
  • Virginia Madsen

Mise en scène

Patrick Mohr

Assistant à la mise en scène

Yvan Rihs

Scénographie

  • Patrick Mohr
  • Miriam Kerchenbaum

Regard extérieur

John Berger

Création lumières, régie

Alain Micallef

Construction des décors

Christian Métraux

Accessoiriste

Miriam Kerchenbaum

Direction du chour

Thomas Bouvier

Sortir de l’Ombre est né de la volonté de réagir face à la situation des « sans-papiers », en particulier à celle des femmes. Il s’agit de l’aboutissement théâtral d’un projet de solidarité. Le voyage, la nostalgie, l’humour, l’espoir et la musique tissent ici le fil d’un récit pluriel : « Je suis plusieurs femmes à la fois ». Neuf actrices, quatre musiciens et vingt choristes se partagent le plateau, comme des courroies de transmission pour donner la parole à celles qui n’y ont pas accès. De nombreuses rencontres avec des femmes vivant dans l’ombre, avec des associations, avec des communautés étrangères de Genève ont précédé le travail d’écriture théâtrale. Les histoires individuelles racontées sur la scène ont été nourries à la fois par ces échanges, par des témoignages et par l’expérience personnelle des actrices.

Rosa, une femme latino-américaine, reçoit une lettre de sa cousine qui travaille en Suisse et qui lui propose de venir la rejoindre. Quelques objets emportés : de la terre, une photo, des gants, qui bientôt contiennent le pays laissé derrière soi. La mer se répand d’une valise renversée. Berivan a perdu son mari, elle a perdu son nom. Ima Karianic reconstruit au piano le pont détruit de Mostar. L’épreuve de la clandestinité les déchire, les fils du récit se multiplient, leurs voix dans l’ombre se mélangent, femme kurde, femme bosniaque, femme italienne, femme chilienne, femme cubaine. Les lettres au pays rythment l’exil de chacune.

Conception et chant

Michele Millner

Guitare, arrangements musicaux

Paco Chambi

Costumes

Ingrid Moberg

Chant, arrangements et percussion

  • Patricia Tondreau
  • Ondina Duany

Collaboration artistique

Geneviève Guhl

Michele Millner et Patricia Tondreau se sont rencontrées en été 1998. Le plaisir qu’elles ont eu à accorder leurs voix a vite été partagé par un public enthousiaste, d’abord lors d’un concert donné à La Parfumerie pour l’arrestation d’Augusto Pinochet en automne 1998. Les chanteuses, toutes deux chiliennes émigrées de longue date, se sont découvert des destinées communes et ont décidé d’explorer ensemble leurs racines à travers le chant. Elles se sont ensuite associées à Paco Chambi, guitariste péruvien et Ondina Duany, chanteuse et compositrice cubaine : Santas Raices était né.

Depuis lors, le groupe a développé son propre style de chant, avec des harmonies et des arrangements à la fois complexes et dépouillés. Il interprète des morceaux du répertoire populaire latino-américain, des chansons de la « Cancion nueva » (la nouvelle chanson latino-américaine née dans les années 60 principalement au Chili et en Argentine), de même que des morceaux traditionnels peu connus.

Ce spectacle musical, interprété par trois chanteuses-comédiennes et un guitariste, se développe comme une histoire contée et chantée à plusieurs voix. C’est une exploration des origines à travers la parole et le chant, une quête de la poésie qui puise à la source du verbe créateur, de la première onde vibratoire mettant le monde en mouvement. Un dialogue entre texte, image et musique qui tire sa force du mélange des timbres de voix et de la recherche d’harmonies subtiles.

Scénographie, éclairage et costumes

Michel Faure

Acteurs

  • Aminata Diakhaté
  • Maïmouna Doumbia
  • Hamadoun Kassogué
  • Hassane Kouyaté
  • Issa Niang
  • Martine Maximin
  • Oumy Samb
  • Cathy Sarr
  • Dilika Traoré
  • Fatoumata Shérif Traoré

Musique

  • Vieu Cissoko
  • Baba Kouyaté
  • Nicola Orioli
  • Ibrahima Traoré

L’HISTOIRE

Il s’agit d’une fable sur l’amour et la mort dans une Afrique ravagée par la misère et la corruption. C’est le mythe d’Orphéerevisité dans le contexte d’une morgue congolaise actuelle. Makiadi est un être déchu dans un monde déchu. Une morte va le ramener à la vie en lui révélant qu’elle est morte par amour pour lui. Elle lui demande de la faire revivre. Makiadi donne alors un nouveau sens à sa vie. Il s’engage dans un voyage qu’il croit être celui de la mort, celui de l’enfer, pour la retrouver et la sauver. Au cours de sa quête, il lui est donné de rencontrer des personnages qui sont autant d’épreuves à surmonter afin de parvenir à Motema, la femme morte de sa vie : le vieil homme pour lequel l’enfer est peut-être cette vie d’éternelle errance, la petite fille qui, comme les autres enfants morts, a choisi de ne pas vivre dans un monde qui ne lui convenait pas, Ogba, le dieu-diable qui ne vit que pour l’amour du mal, voit à travers la vie et la mort, débusque les intentions de ses interlocuteurs, les démasque et leur offre. un masque de leur choix. « Nous vivons, dit-il, le siècle des identités ». Et Artinem, une femme à la recherche d’une sérénité à la dimension de ses fantasmes. C’est Ogba, le dieu-diable qui donnera la clé du mystère à Makiadi. Dès lors, celui-ci, délivré de tous ses masques, redescendra, tel qu’en lui-même à l’enfer morgue, et là commence l’attente d’une rencontre.

Caya Makhélé, 
Chartreuse de Villeneuve les Avignons, décembre 1989

Caya Makhélé, l’auteur 

Ecrivain et journaliste congolais vivant à Paris depuis 1982, Caya Makhélé est un des auteurs africains contemporains les plus talentueux. Son langage est à la fois puissant, simple, poétique et inventif. Il écrit des textes profonds et engagés sans jamais tomber dans le didactisme. Sa plume est à la fois tendre et cruelle, elle sait mêler le désespoir et l’humour, ce qui nous aide à mieux affronter l’absurde et l’intolérable. Ses pièces, tout en étant bien ancrées dans la réalité africaine, parviennent à atteindre une dimension poétique intemporelle et universelle.

L’ECRITURE

Si je n’avais à retenir qu’une fulgurance des pleines poignées de joies et de peurs qu’engendre la naissance d’un texte dramatique, ce serait le plaisir, malin plaisir certes, de jouer avec les mots, de les tordre, les distendre et revenir à une langue propre à chacun des personnages. Ce qu’il faudrait retenir aussi, c’est la complicité qui naît par la suite, au fil des jours, avec ces mêmes personnages, désormais de chair et de sang, ainsi qu’une identification cernée par l’incongruité d’une histoire qui devient aussitôt familière. Que dire des instants où le rire active l’imagination et décuple le plaisir d’une future translation avec le spectateur ?
La Fable du Cloître , conte d’amour et de destin, a surgi du rire et pour le rire, un rire décanteur des subtilités de chaque destin, laissant chaque voix inventer sa propre fable. C’est à partir de cet échange que la jubilation s’installe, légère et grave à la fois, semblable à l’acte biblique de la multiplication des pains.

Si je suis capable d’apprendre aux enfants à cueillir des fleurs dans le millénaire qui vient. leur apprendre à les planter, c’est encore mieux ! Dramaturge dans un monde qui ne se nourrit que de drames, je n’ai jamais pensé que j’étais utile. Ce qui fonde mon utilité est le fait même que je ne sois pas utile. L’utilité est une sorte de sacerdoce. je ne suis d’aucune religion. idéologie.sinon celle de vivre. toutes les vies possibles. Et je trouve que les gens ne dansent pas assez ! Je suis persuadé que c’est bon de danser – même en cachette – pour tenir le coup. Alors. Ecrire, c’est comme respirer, comme une seconde respiration. Cette nouvelle pièce. une histoire de quête, d’un amour blessé et emprisonné. La quête d’un idéal, allégorie de la mort de la liberté. Aujourd’hui, il nous faut à nous, Africains, sûrement une descente en enfer pour libérer la démocratie d’un carcan de plusieurs décennies. Je crois que la littérature ne sera jamais aussi belle ni plus forte qu’une véritable relation humaine. C’est peut-être pour ça que l’amour nourrit toujours la littérature.

Et pour moi, les textes de théâtre ont pour finalité de donner vie à un groupe.

Caya Makhélé