Conception, mise en scène et chants

Michele Millner

Composition musicale, arrangements

Yves Cerf

Arrangements

Patricia Tondreau

Lumières

Angelo Bergomi

Costumes

Florence Buholzer

Après Sortir de l’Ombre et Le Songe d’une Nuit d’Été, La Cantate des Berceuses est une nouvelle création du Théâtre Spirale avec le Chœur Ouvert. Cette fois, nous désirons donner au chour la place de chanteurs/conteurs pour un travail autour de la tradition orale. Nous avons pour cela réuni des berceuses de différentes communautés vivant à Genève et composé une ouvre musicale et théâtrale autour de l’histoire « Le lait de la mort » et de plusieurs autres contes traditionnels.

Quand on n’a plus de mots pour dire l’amour, le bonheur ou le désespoir, on chante. On chante pour conjurer la peur, l’absence ou rêver le futur. Pour tisser de nos voix cette fibre immatérielle qui nous lie à ceux qu’on aime.

La berceuse est associée à notre origine et à notre devenir. Dans la tradition Dogon, il existe des berceuses qui rappellent au nouveau-né les péripéties de ses précédentes vies.

La berceuse est sans doute pour beaucoup d’êtres humains la première musique qu’il nous est donné d’entendre. On dit que l’enfant qui entend des berceuses est accompagné. Ces chants fragiles l’inscrivent dans sa culture et lui ouvrent les portes de sa langue maternelle. En berçant, on partage sa langue, on tisse des liens.

Mais qui berce encore ? Comment et pourquoi ?

Les chanteurs et les conteurs se tissent eux-mêmes à l’intérieur des chants et des histoires. La texture de leur voix et leurs expressions physiques s’imbriquent dans les mots et la musique pour leur donner sens. C’est la force et la beauté de la tradition orale qui est en perpétuel mouvement.

« Quand on aime, il faut partir »

« Pourquoi Sindbad ?

Dans toutes les versions que j’ai lues et entendues des «Mille et une nuits», Sindbad est bien plus qu’un voyageur ou un aventurier. Il est un conteur. Ce statut lui octroie un pouvoir supplémentaire, celui de faire librement usage de la parole, clé magique qui ouvre les portes du rêve et du merveilleux, de la vérité et du mensonge ensemble, réunis et unis.

Dans toutes les versions des «Mille et une nuits» que j’ai lues et entendues, Sindbad le marin, vieux conteur, raconte ses voyages (vrais ou faux) à un auditeur portant le même nom, Sindbad, mais affublé de l’épithète « le terrien ».

Le conteur et l’auditeur sont-ils si proches qu’ils se fondent et confondent ? Entre la bouche de l’un et l’oreille de l’autre il y a deux cours qui battent à l’unisson avec la vie, le cour d’un vieil homme qui s’offre à celui de son petit-fils »

Paul Mattar 

« On croit qu’on va faire un voyage et bientôt c’est le voyage qui vous fait et vous défait » Nicolas Bouvier 

« D’où est-ce que je viens ? Où vais-je ? demande le fils à son père lorsqu’ils se croisent à la sortie du port. Le jeune Sindbad part en quête de l’île Daw bouillonnant de désir, le vieux rentre chez lui usé par le vent des routes pour raconter son histoire à son petit-fils. La parole se transmet ainsi. Quatre générations de Sindbad se racontent leurs périples, le cycle des départs et des retours, les naufrages, les rencontres. Les mots se bousculent pour transmettre l’essence des sept voyages initiatiques de Sindbad.

Le cour de cette histoire se trouve dans le rapport privilégié du grand-père qui se confie à son petit-fils, dont il découvre après une vie d’errance que c’était peut-être lui son « île lumière ».

La parole circule, le voyage continue.

Patrick Mohr

Conception et écriture

  • Patrick Mohr
  • Michele Millner
  • Yvan Rihs

Incluant des textes de

  • Tahar Ben Jelloun
  • John Berger
  • Nicolas Bouvier
  • Tony McGregor
  • Virginia Madsen

Mise en scène

Patrick Mohr

Assistant à la mise en scène

Yvan Rihs

Scénographie

  • Patrick Mohr
  • Miriam Kerchenbaum

Regard extérieur

John Berger

Création lumières, régie

Alain Micallef

Construction des décors

Christian Métraux

Accessoiriste

Miriam Kerchenbaum

Direction du chour

Thomas Bouvier

Sortir de l’Ombre est né de la volonté de réagir face à la situation des « sans-papiers », en particulier à celle des femmes. Il s’agit de l’aboutissement théâtral d’un projet de solidarité. Le voyage, la nostalgie, l’humour, l’espoir et la musique tissent ici le fil d’un récit pluriel : « Je suis plusieurs femmes à la fois ». Neuf actrices, quatre musiciens et vingt choristes se partagent le plateau, comme des courroies de transmission pour donner la parole à celles qui n’y ont pas accès. De nombreuses rencontres avec des femmes vivant dans l’ombre, avec des associations, avec des communautés étrangères de Genève ont précédé le travail d’écriture théâtrale. Les histoires individuelles racontées sur la scène ont été nourries à la fois par ces échanges, par des témoignages et par l’expérience personnelle des actrices.

Rosa, une femme latino-américaine, reçoit une lettre de sa cousine qui travaille en Suisse et qui lui propose de venir la rejoindre. Quelques objets emportés : de la terre, une photo, des gants, qui bientôt contiennent le pays laissé derrière soi. La mer se répand d’une valise renversée. Berivan a perdu son mari, elle a perdu son nom. Ima Karianic reconstruit au piano le pont détruit de Mostar. L’épreuve de la clandestinité les déchire, les fils du récit se multiplient, leurs voix dans l’ombre se mélangent, femme kurde, femme bosniaque, femme italienne, femme chilienne, femme cubaine. Les lettres au pays rythment l’exil de chacune.