« Quand on aime, il faut partir »
« Pourquoi Sindbad ?
Dans toutes les versions que j’ai lues et entendues des «Mille et une nuits», Sindbad est bien plus qu’un voyageur ou un aventurier. Il est un conteur. Ce statut lui octroie un pouvoir supplémentaire, celui de faire librement usage de la parole, clé magique qui ouvre les portes du rêve et du merveilleux, de la vérité et du mensonge ensemble, réunis et unis.
Dans toutes les versions des «Mille et une nuits» que j’ai lues et entendues, Sindbad le marin, vieux conteur, raconte ses voyages (vrais ou faux) à un auditeur portant le même nom, Sindbad, mais affublé de l’épithète « le terrien ».
Le conteur et l’auditeur sont-ils si proches qu’ils se fondent et confondent ? Entre la bouche de l’un et l’oreille de l’autre il y a deux cours qui battent à l’unisson avec la vie, le cour d’un vieil homme qui s’offre à celui de son petit-fils »
Paul Mattar
« On croit qu’on va faire un voyage et bientôt c’est le voyage qui vous fait et vous défait » Nicolas Bouvier
« D’où est-ce que je viens ? Où vais-je ? demande le fils à son père lorsqu’ils se croisent à la sortie du port. Le jeune Sindbad part en quête de l’île Daw bouillonnant de désir, le vieux rentre chez lui usé par le vent des routes pour raconter son histoire à son petit-fils. La parole se transmet ainsi. Quatre générations de Sindbad se racontent leurs périples, le cycle des départs et des retours, les naufrages, les rencontres. Les mots se bousculent pour transmettre l’essence des sept voyages initiatiques de Sindbad.
Le cour de cette histoire se trouve dans le rapport privilégié du grand-père qui se confie à son petit-fils, dont il découvre après une vie d’errance que c’était peut-être lui son « île lumière ».
La parole circule, le voyage continue.
Patrick Mohr
Conception et écriture
- Patrick Mohr
- Michele Millner
- Yvan Rihs
Incluant des textes de
- Tahar Ben Jelloun
- John Berger
- Nicolas Bouvier
- Tony McGregor
- Virginia Madsen
Mise en scène
Patrick Mohr
Assistant à la mise en scène
Yvan Rihs
Scénographie
- Patrick Mohr
- Miriam Kerchenbaum
Regard extérieur
John Berger
Création lumières, régie
Alain Micallef
Construction des décors
Christian Métraux
Accessoiriste
Miriam Kerchenbaum
Direction du chour
Thomas Bouvier
Sortir de l’Ombre est né de la volonté de réagir face à la situation des « sans-papiers », en particulier à celle des femmes. Il s’agit de l’aboutissement théâtral d’un projet de solidarité. Le voyage, la nostalgie, l’humour, l’espoir et la musique tissent ici le fil d’un récit pluriel : « Je suis plusieurs femmes à la fois ». Neuf actrices, quatre musiciens et vingt choristes se partagent le plateau, comme des courroies de transmission pour donner la parole à celles qui n’y ont pas accès. De nombreuses rencontres avec des femmes vivant dans l’ombre, avec des associations, avec des communautés étrangères de Genève ont précédé le travail d’écriture théâtrale. Les histoires individuelles racontées sur la scène ont été nourries à la fois par ces échanges, par des témoignages et par l’expérience personnelle des actrices.
Rosa, une femme latino-américaine, reçoit une lettre de sa cousine qui travaille en Suisse et qui lui propose de venir la rejoindre. Quelques objets emportés : de la terre, une photo, des gants, qui bientôt contiennent le pays laissé derrière soi. La mer se répand d’une valise renversée. Berivan a perdu son mari, elle a perdu son nom. Ima Karianic reconstruit au piano le pont détruit de Mostar. L’épreuve de la clandestinité les déchire, les fils du récit se multiplient, leurs voix dans l’ombre se mélangent, femme kurde, femme bosniaque, femme italienne, femme chilienne, femme cubaine. Les lettres au pays rythment l’exil de chacune.
Conception et chant
Michele Millner
Guitare, arrangements musicaux
Paco Chambi
Costumes
Ingrid Moberg
Chant, arrangements et percussion
- Patricia Tondreau
- Ondina Duany
Collaboration artistique
Geneviève Guhl
Michele Millner et Patricia Tondreau se sont rencontrées en été 1998. Le plaisir qu’elles ont eu à accorder leurs voix a vite été partagé par un public enthousiaste, d’abord lors d’un concert donné à La Parfumerie pour l’arrestation d’Augusto Pinochet en automne 1998. Les chanteuses, toutes deux chiliennes émigrées de longue date, se sont découvert des destinées communes et ont décidé d’explorer ensemble leurs racines à travers le chant. Elles se sont ensuite associées à Paco Chambi, guitariste péruvien et Ondina Duany, chanteuse et compositrice cubaine : Santas Raices était né.
Depuis lors, le groupe a développé son propre style de chant, avec des harmonies et des arrangements à la fois complexes et dépouillés. Il interprète des morceaux du répertoire populaire latino-américain, des chansons de la « Cancion nueva » (la nouvelle chanson latino-américaine née dans les années 60 principalement au Chili et en Argentine), de même que des morceaux traditionnels peu connus.
Ce spectacle musical, interprété par trois chanteuses-comédiennes et un guitariste, se développe comme une histoire contée et chantée à plusieurs voix. C’est une exploration des origines à travers la parole et le chant, une quête de la poésie qui puise à la source du verbe créateur, de la première onde vibratoire mettant le monde en mouvement. Un dialogue entre texte, image et musique qui tire sa force du mélange des timbres de voix et de la recherche d’harmonies subtiles.