Sindbad de Père en Fils

« Quand on aime, il faut partir »

« Pourquoi Sindbad ?

Dans toutes les versions que j’ai lues et entendues des «Mille et une nuits», Sindbad est bien plus qu’un voyageur ou un aventurier. Il est un conteur. Ce statut lui octroie un pouvoir supplémentaire, celui de faire librement usage de la parole, clé magique qui ouvre les portes du rêve et du merveilleux, de la vérité et du mensonge ensemble, réunis et unis.

Dans toutes les versions des «Mille et une nuits» que j’ai lues et entendues, Sindbad le marin, vieux conteur, raconte ses voyages (vrais ou faux) à un auditeur portant le même nom, Sindbad, mais affublé de l’épithète « le terrien ».

Le conteur et l’auditeur sont-ils si proches qu’ils se fondent et confondent ? Entre la bouche de l’un et l’oreille de l’autre il y a deux cours qui battent à l’unisson avec la vie, le cour d’un vieil homme qui s’offre à celui de son petit-fils »

Paul Mattar 

« On croit qu’on va faire un voyage et bientôt c’est le voyage qui vous fait et vous défait » Nicolas Bouvier 

« D’où est-ce que je viens ? Où vais-je ? demande le fils à son père lorsqu’ils se croisent à la sortie du port. Le jeune Sindbad part en quête de l’île Daw bouillonnant de désir, le vieux rentre chez lui usé par le vent des routes pour raconter son histoire à son petit-fils. La parole se transmet ainsi. Quatre générations de Sindbad se racontent leurs périples, le cycle des départs et des retours, les naufrages, les rencontres. Les mots se bousculent pour transmettre l’essence des sept voyages initiatiques de Sindbad.

Le cour de cette histoire se trouve dans le rapport privilégié du grand-père qui se confie à son petit-fils, dont il découvre après une vie d’errance que c’était peut-être lui son « île lumière ».

La parole circule, le voyage continue.

Patrick Mohr