Michele Millner

Scénographie

Corinne Müller

Jeu et adaptation

  • Bénédicte Gampert
  • Patrick Mohr

Musique

  • Christophe Berthet
  • Denis Favrichon
  • Sylvain Fournier
  • Patricia Tondreau

Avec la participation du

Coeur Ouvert

Chef de chœur

Thomas Bouvier

Eclairages

Laurent Valdès

LE TEXTE

La première fois que j’ai lu Fugitives Pieces , je n’ai pas pu m’arrêter. La qualité de l’écriture, l’intelligence de la narration, la délicate asymétrie de la structure et la profonde humanité de ce roman m’ont bouleversée.

Je l’ai lu d’un trait et j’ai immédiatement désiré le relire. Plusieurs jours plus tard, j’ai réalisé que des morceaux du texte étaient restés avec moi comme des fragments de ma propre vie. D’autres parties refaisaient surface à des moments inattendus,j comme des fantômes. Après, j’ai commencé à entendre des bouts du texte dans ma tête comme des conversations, des incantations. Cela a confirmé mon désir de dire ces mots, de les faire entendre.

Fugitives Pieces est un récit à plusieurs voix sur la guerre, l’amour et l’exil. Le texte parle surtout de la transmission de la sagesse et de la mémoire.

Qu’est-ce que la mémoire ? avons-nous le choix de nos souvenirs ? Durant la seconde guerre mondiale, de nombreux manuscrits, journaux intimes et témoignages ont été perdus ou détruits. Certains de ces récits ont été délibérément cachés, enfouis dans des jardins, glissés dans des murs ou sous des planchers par ceux qui n’ont pas vécu pour les récupérer.

Michele Millner 

LA MUSIQUE

Mauthausen est un cycle de poèmes écrits pas Iacovos Kambanellis qui a vécu la déportation au camp de concentration de Mauthausen. Ces poèmes ont été mis en musique par Mikis Theodorakis. Ils puisent leur force dans leur simplicité et nous les entendons à la fois comme des lamentations et des chants de résistance.

Il s’agit d’une oeuvre chorale pour quatre voix. Theodorakis a écrit cette musique après avoir été lui-même prisonnier politique en Grèce.

Mauthausen vient donc s’inscrire dans une tradition de chants de résistance, de chants de la mémoire, de cette mémoire fragmentée et fugitive dont parle Anne Michaels. Ces ouvres ont été composées comme un exorcisme pour combattre les forces obscures de l’oppression, par la magie de la musique unie au martèlement des mots.

Pendant quatre ans, le Théâtre Spirale a travaillé en collaboration avec le Chœur Ouvert autour de la notion de cantate. Le nom Cantate vient du latin cantata : ouvre chorale ou drame lyrique mis en musique. Pour Mémoires fugitives, nous voulons créer un poème à plusieurs voix. Un travail choral où prose, vers, récit et musique s’entremêlent pour conter cette histoire dans toute sa complexité et sa profondeur.

La lutte des hommes contre le pouvoir est la lutte de la mémoire contre l’oubli

Milan Kundera

Mise en scène:

Jocelyne Queloz

Lumières:

Aurélien Gattegno

Collaboration artistique:

Michele Millner et Patrick Mohr

Masques et costumes:

Miriam Kerchenbaum et Jocelyne Queloz

Musique et Jeu:

Daniel Renzi et Jocelyne Queloz

Voilà l’histoire d’un loup courageux capturé par les hommes. Il est bien décidé à ne plus jamais leur accorder un regard, ni même une pensée.

C’est aussi l’histoire d’un garçon nommé Afrique qui est sauvé de la guerre par Toa le marchand. Toa découvre les talents de conteur de l’enfant et les exploite pour se faire de l’argent, puis le vend au roi des chèvres.

De fil en aiguille le loup et l’enfant découvrent au fond de leurs pupilles tous les acteurs de leur vie. Paillette la louve à la fourrure d’or. Casserole le dromadaire, Guépard le gardien des chèvres et encore bien d’autres acolytes.

Tous ensemble ils arriveront à briser les chaînes de l’enfermement. Grâce à la force de leur nouvelle amitié, ils arriveront à voir au-delà des barreaux. Au-delà des murs du Jardin Zoologique, visitant tour à tour la chaude Afrique de l’enfant et la belle neige muette de l’Alaska.

Conception, mise en scène et chants

Michele Millner

Composition musicale, arrangements

Yves Cerf

Arrangements

Patricia Tondreau

Lumières

Angelo Bergomi

Costumes

Florence Buholzer

Après Sortir de l’Ombre et Le Songe d’une Nuit d’Été, La Cantate des Berceuses est une nouvelle création du Théâtre Spirale avec le Chœur Ouvert. Cette fois, nous désirons donner au chour la place de chanteurs/conteurs pour un travail autour de la tradition orale. Nous avons pour cela réuni des berceuses de différentes communautés vivant à Genève et composé une ouvre musicale et théâtrale autour de l’histoire « Le lait de la mort » et de plusieurs autres contes traditionnels.

Quand on n’a plus de mots pour dire l’amour, le bonheur ou le désespoir, on chante. On chante pour conjurer la peur, l’absence ou rêver le futur. Pour tisser de nos voix cette fibre immatérielle qui nous lie à ceux qu’on aime.

La berceuse est associée à notre origine et à notre devenir. Dans la tradition Dogon, il existe des berceuses qui rappellent au nouveau-né les péripéties de ses précédentes vies.

La berceuse est sans doute pour beaucoup d’êtres humains la première musique qu’il nous est donné d’entendre. On dit que l’enfant qui entend des berceuses est accompagné. Ces chants fragiles l’inscrivent dans sa culture et lui ouvrent les portes de sa langue maternelle. En berçant, on partage sa langue, on tisse des liens.

Mais qui berce encore ? Comment et pourquoi ?

Les chanteurs et les conteurs se tissent eux-mêmes à l’intérieur des chants et des histoires. La texture de leur voix et leurs expressions physiques s’imbriquent dans les mots et la musique pour leur donner sens. C’est la force et la beauté de la tradition orale qui est en perpétuel mouvement.

« Quand on aime, il faut partir »

« Pourquoi Sindbad ?

Dans toutes les versions que j’ai lues et entendues des «Mille et une nuits», Sindbad est bien plus qu’un voyageur ou un aventurier. Il est un conteur. Ce statut lui octroie un pouvoir supplémentaire, celui de faire librement usage de la parole, clé magique qui ouvre les portes du rêve et du merveilleux, de la vérité et du mensonge ensemble, réunis et unis.

Dans toutes les versions des «Mille et une nuits» que j’ai lues et entendues, Sindbad le marin, vieux conteur, raconte ses voyages (vrais ou faux) à un auditeur portant le même nom, Sindbad, mais affublé de l’épithète « le terrien ».

Le conteur et l’auditeur sont-ils si proches qu’ils se fondent et confondent ? Entre la bouche de l’un et l’oreille de l’autre il y a deux cours qui battent à l’unisson avec la vie, le cour d’un vieil homme qui s’offre à celui de son petit-fils »

Paul Mattar 

« On croit qu’on va faire un voyage et bientôt c’est le voyage qui vous fait et vous défait » Nicolas Bouvier 

« D’où est-ce que je viens ? Où vais-je ? demande le fils à son père lorsqu’ils se croisent à la sortie du port. Le jeune Sindbad part en quête de l’île Daw bouillonnant de désir, le vieux rentre chez lui usé par le vent des routes pour raconter son histoire à son petit-fils. La parole se transmet ainsi. Quatre générations de Sindbad se racontent leurs périples, le cycle des départs et des retours, les naufrages, les rencontres. Les mots se bousculent pour transmettre l’essence des sept voyages initiatiques de Sindbad.

Le cour de cette histoire se trouve dans le rapport privilégié du grand-père qui se confie à son petit-fils, dont il découvre après une vie d’errance que c’était peut-être lui son « île lumière ».

La parole circule, le voyage continue.

Patrick Mohr