Création 2005
Tournée 2006 à 2017

Conception et jeu

Patrick Mohr

Mise en scène

Yvan Rihs

Scénographie

Sylvie Kaufmann

Lumières

  • Michel Faure
  • Aurélien Gattegno

Bande son

Aurélien Gattegno

A télécharger- http://www.theatrespirale.com/wp-content/uploads/2016/07/Le-Relais-dossier.pdf – lien

L’histoire naît d’une rencontre fortuite au milieu de la nuit dans un relais d’autoroute, près d’Yverdon, avec le serveur de la buvette
Au moment de payer, mon regard tombe par hasard sur un petit badge vert accroché â sa chemise:
Désiré Ouedraogo.
– Vous êtes Mossi ?
– Comment le savez-vous ?
Les mémoires se réveillent et les langues se délient

Depuis sa création en octobre 2005, Le Relais a été joué plus de 100 fois en Suisse, en France, en Pologne, à Cuba, au Burkina-Faso, au Mali et au Liban. Nous avons joué aussi bien dans des théâtres institutionnels que dans des écoles ou sur des places de village.

Le Relais, c’est un voyage entre rire et émotion, dans le plaisir de l’échange et de la rencontre.

Les histoires s’enchaînent et se répondent, passant du récit intime au conte épique. Le spectacle se construit comme un jeu de poupées russes. On fait la connaissance de Roger, le gérant et de Do Kamissa, la femme-buffle ; on apprend comment devenir le mâle dominant d’une troupe de cynopithèques noirs. Grâce à leur rencontre dans ce lieu de pasage, entre veille et sommeil, ces inconnus échangent ce qu’ils ont de plus précieux. Soudain, une gifle : explosion, errance dans la forêt, la quête amoureuse commence.
Où a disparu Awa Diallo ?

Une création du Théâtre Spirale
en collaboration avec le
Théâtre National du Mali

Patrick Mohr

Jeu

Hamadoun Kassogué

Lumière

Michel Faure

Bande son

  • Thomas Bouvier
  • Aurélien Gattegno

Graphisme et peinture

Sylvie Kaufmann

Quand on lui demanda de quelle race il était, il répondit :
– Ma race c’est moi, João l’oiseleur.

Invité à s’expliquer, il ajouta :
– Ma race c’est celui que je suis. Toute personne est à elle seule une humanité. Chaque homme est une race, monsieur le policier.

Mia Couto

L’équipe réunie pour créer La Femme en Moi travaille ensemble depuis quinze ans. Au fil des ans, nous avons développé un langage théâtral commun et une grande complicité. Cette cohésion nous permet d’aborder l’ouvre de Mia Couto avec un mélange de respect et de liberté : le respect dû à un auteur remarquable et à une ouvre majeure de la littérature africaine et la liberté nécessaire pour nous la réapproprier et la transposer sur scène.

Les histoires que nous avons choisies, La Princesse russe, L’enfant de la morte et La femme en moi, sont des textes d’une écriture très théâtrale : le personnage s’adresse directement au lecteur ou, dans notre cas, au public.

La narration est extrêmement dynamique dans une langue très proche du parlé mozambicain sans être jamais banale. La langue de Couto est un concentré de poésie populaire. La tension qu’il crée à l’intérieur du langage reflète celle qui existe constamment dans ces histoires entre réel et surnaturel, entre quotidien et extraordinaire, entre vie et mort.

Couto nous transmet avec une extrême acuité cette conception de l’univers africain où les mondes des vivants et des morts se côtoient, où les frontières entre magie et réel sont floues, où les créatures se transforment dans un monde en déliquescence. Couto dépeint avec une infinie tendresse et un humour un peu amer, le destin d’êtres qui sont en équilibre précaire sur le fil de la vie.

Résumés des 3 histoires présentées dans « La femme en moi »

Dans ces trois histoires, le réel et la fiction sont inextricablement mêlés.

La Princesse russe

La Princesse Nadja , perdue dans la brousse africaine alors que son mari passe son temps à chercher de l’or, rêve de son amant perdu et lui écrit des lettres. Celles-ci sont brûlées par Kansaye, son majordome secrètement amoureux d’elle. C’est lui, serviteur boiteux, qui raconte l’histoire, en se confessant à un curé. La princesse dépérit et meurt de chagrin, sans que Kansaye n’ose lui avouer ses sentiments. Mais, plus tard, le fantôme de Nadja revient cheminer dans la poussière aux côtés de son majordome.

La femme en moi

Une femme entre soudain dans la chambre d’un homme assoupi. Il croit à une erreur. Elle s’approche de lui et l’enlace. Ils s’aiment, puis elle s’en va. L’homme pense que c’est un esprit qui est venu le visiter pour l’attirer dans un autre monde. Il prend peur. Lorsqu’elle revient, il tente de la repousser. «Tranquillise-toi, je ne viens pas te chercher, je viens me faire une place en toi. Laisse-moi naître en toi.»

L’enfant de la morte

Un enfant naît d’un cadavre. Personne n’ose le recueillir jusqu’à ce qu’une folle le prenne et l’adopte.

« Qu’on refasse à présent le compte d’une humanité habitable. Car chaque enfant nouveau-né fait, d’une femme, naître une mère. Chaque être nouveau triple ainsi le nombre des vivants. Un enfant, finalement, est celui qui met la mère au monde. 

Il existe des histoires dont, plus on les raconte, moins on les connaît. Un concert de voix peut, finalement, ne produire que du silence. »

Mia Couto

Livreur d’une petite épicerie, un homme nommé Galy Gay sort de chez lui un matin pour aller acheter du poisson. Croisant trois soldats, il se trouve embrigadé sous l’uniforme d’une grande armée de colonisation, parce qu’il manquait précisément quelqu’un sur les listes ce jour-là.

N’importe quel homme peut-il donc en remplacer un autre ? Même et surtout lorsqu’il n’est que de la chair à canon ? La question a longtemps travaillé Bertolt Brecht, qui y a répondu de façon contrastée, logique et passionnante.

Farce tragique ou parodie dramatique, la pièce se déroule dans un Orient de rêve. C’est un monde à transformations où les identités les mieux tranchées s’inversent au gré de simples changements atmosphériques. Brecht qui voulait que le jeu théâtral procure du plaisir a doté cette pièce d’une belle part de mystère et de métamorphoses savoureuses.

Homme paisible qui ne sait pas dire non, Galy Gay suit toujours celui qui lui fait miroiter la meilleure affaire, le berne ou le trompe le mieux.

Les conséquences de son aveuglement offriraient sans doute un spectacle franchement comique, s’il était possible de ne pas voir que ce ballot si bien roulé a quelque chose qui nous ressemble.

Un homme peut-il en devenir un autre ? Tout être humain est-il interchangeable ?

Homme pour Homme montre comment Galy Gay se trouve manipulé, démonté, puis reconstruit comme sur une chaîne de montage. Il sort de chez lui un matin pour acheter un poisson. Croisant trois soldats, il se trouve bientôt embrigadé sous l’uniforme d’une grande armée de colonisation, parce qu’il manquait précisément quelqu’un sur les listes ce jour-là.

Comment se tenir debout et penser par soi-même alors qu’on se trouve pris dans un engrenage dépersonnalisant? Dans cette ouvre de Brecht, tout est possible. L’imaginaire le plus débridé se mêle à la réalité crue et comique d’une humanité où personne ne semble irremplaçable.

RÉFLEXIONS AUTOUR DE LA PIÈCE

Pour Brecht, « le problème de la pièce est la mauvaise collectivité (la bande) et son pouvoir de séduction ». En 1926, sous l’effet de la Grande Guerre, Brecht crée un personnage qui, sous la pression du contexte et des hommes auxquels il est exposé, devient interchangeable et dont l’individualité s’éteint. Homme pour Homme fustige la standardisation de la pensée, l’abrutissement collectif, la perte de l’identité et des points de vue personnels. La pièce raconte comment un homme est démonté et remonté tel une voiture à la chaîne. On assiste à la mort de « l’homme de caractère » et du libre-arbitre.

EXTRAIT :

POLLY: un livret militaire, voilà tout ce qui nous reste de Jip

URIA: Ça suffira. Avec ça, il faut fabriquer un nouveau Jip. On fait un trop grand cas des personnes. Un individu isolé ça ne compte pas. A moins de deux cents, ça ne vaut même pas la peine d’en parler. Libre à chacun naturellement d’avoir son opinion. Une opinion n’a pas d’importance. Un homme tranquille peut tranquillement adopter deux ou même trois opinions différentes.

POLLY: Mais qu’est-ce qu’il dira si on le transforme en soldat Jeraiah Jip ?

URIA: les gens de son espèce se transforment pour ainsi dire spontanément. Flanquez-le dans une mare, en deux jours il lui aura poussé des palmures entre les doigts. Ca vient de ce qu’il n’a rien à perdre.

Face à une pensée dominante qui tend à ériger le profit comme valeur fondamentale, il nous semble important de défendre une position humaniste et de refuser l’image d’un monde polarisé en noir et blanc. La manipulation du langage et des opinions utilise une rhétorique manichéiste qui gomme les infinies nuances de la vie en réduisant l’information à de la propagande, comme ces communiqués de guerre qui parlent de bavures, de dommages collatéraux ou d’opérations de libération, on pervertit le langage. Le théâtre et la poésie peuvent être des îlots de résistance où l’on propose une vision plus complexe du monde et où se défend un langage dont les mots ouvrent le sens plutôt que de l’enfermer.

Homme pour homme dénonce la manipulation de l’être humain, en particulier dans le contexte de l’armée, machine bien huilée à laquelle l’individu est assujetti. La discipline militaire et la logique qui l’accompagne dépouille l’homme de toutes ces particularités pour en faire une machine de combat. De nos jours, dans les médias et la publicité, on assiste à une « mode militaire » qui récupère l’esthétique guerrière dans la vie civile, l’apprivoise et la banalise et qui finit par faire tolérer la violence : de jeunes top models roulent des hanches dans des shorts kakis, des enfants jouent dans des tenues de camouflage, des adolescents en treillis militaire arborent fièrement une ceinture garnie d’une cartouchière et une coiffure de Marine . « Il est encore fécond le ventre d’où a surgi la bête immonde ». Cette phrase célèbre issue de Grandeur et décadence du III e Reich » est toujours pertinente. Oui, il est fécond, et c’est pourquoi nous tenons à monter cette pièce qui nous semble d’une terrible actualité.

Homme pour homme semble avoir été écrit hier tant son propos est brûlant d’actualité. Brecht développe avec un humour corrosif une réflexion sur l’identité et la valeur d’un être humain en période de guerre. Que vaut un individu face à la masse anonyme des soldats pris dans l’engrenage de la machine militaire ? Qu’est-ce qu’un être humain ? Peut-il devenir autre que lui-même ?

Homme pour homme démontre l’absurdité des guerres qui ne profitent qu’à ceux qui savent en exploiter les affaires. Pour Brecht, il s’agit de mettre concrètement en jeu la réalité afin que les spectateurs puissent penser que le monde n’est pas toujours pareil, que tout peut changer et qu’il n’y a rien de définitif dans le comportement de tel ou tel personnage.- le monde et la société sont en perpétuel mouvement.

Monsieur Bonhomme et les incendiaires
de Max Frisch

Une création du Théâtre Spirale (Suisse)
et du Magnet Theatre (Afrique du Sud)

Le Théâtre Spirale s’est allié au Magnet Theatre de Cape Town (une des troupes les plus innovatrices et talentueuses d’Afrique du Sud) pour créer ensemble une version décapante de Monsieur Bonhomme et les incendiaires de Max Frisch. Extrêmement drôle, percutant, incroyablement contemporain, le grand classique de la littérature suisse transporté en Afrique explore de manière incendiaire les conséquences qui menacent un monde dans lequel le fossé entre les riches et les pauvres s’agrandit quotidiennement. De grands acteurs sud africains s’enflamment au côté d’artistes de Suisse, du Mali et d’Indonésie pour conter cette fable tragi-comique. L’interprétation de la pièce dans le contexte africain lui donne une nouvelle lecture surprenante qui combine l’extraordinaire humour du texte de Frisch à la richesse des chants du chour des pompiers composés par Neo Muyanga. Joué en anglais. Surtitré en français .

Extremely funny. Hard hitting. Contemporary. Max Frisch’s classic Swiss text, transported to Africa , explores with incendiary effect the consequences that face a world in which the gap between rich and poor widens daily. Top South African actors ignite with performers from Mali , Switzerland and Indonesia . With striking original is’cathamiya style score by acclaimed musician Neo Muyanga. Performed in English .