Mise en scène

Yvan Rihs

Jeu

Benjamin Knobil, Olivier Yglesias

Lumières

Aurélien Gattegno

Bande son

Thomas Bouvier

Masques et accessoires

Anouk Gressot et les ateliers créatifs de Champ-Dollon

«A nous qui devenons muets à force de communiquer, le théâtre vient rappeler que parler est un drame; à nous qui perdons la joie de notre langue, le théâtre vient rappeler que la pensée est en chair; à nous pris dans le rêve de l’histoire mécanique, il montre que la mémoire respire et que le temps renaît».

Valère Novarina est certainement aujourd’hui l’un des auteurs dramatiques les plus revigorants. Provoquant furieusement les principes courants du théâtre, son écriture, pâte à mâcher, à mastiquer ou à déglutir, nous offre de nous étonner à nouveau de cette pratique si ordinaire qu’est le fait de parler. L’Inquiétude est la deuxième version pour la scène du Discours aux animaux. Discours tenu par un Jean qui Cloche pour nous mettre dans l’oreille sa vie de personne, pour nous conter ce qu’il a vécu. Mais c’est bientôt moins l’histoire d’un individu singulier que celle d’une langue qui s’insurge contre les définitions restrictives de l’être. Une fête des mots : pas ceux dont on maîtrise les sens en crânant et qu’on peut utiliser comme des pièces de monnaie, comme des outils de communication, mais ceux qu’on voit grimper sur des acteurs comme du lierre, libérés de l’étroite tutelle de la société humaine et
de ses roulements de mécanique. Dans ce récit de vie, les mots, dont on attend qu’ils nous indiquent le sens de l’existence, se sont débarrassés des significations simples pour devenir une masse organique éclatante.

Deux acteurs jouent ici ce monologue comico-tragique, comme un double canon bouché qui finit par péter par derrière, laissant virevolter dans toutes les directions, en une danse jubilatoire, des morceaux d’enfance, des listes de choses dites ou entendues, des détritus d’actions mal faites, des cris de victoire, des cris de déboire, des chutes burlesques, un jaillissement protéiforme qui fait voler en éclat le flux quotidien du langage et nous fait toucher ainsi le plus intimement du monde aux mystères de la vie.

Yvan Rihs

De William Shakespeare

Mise en scène :

Patrick Mohr et Michele Millner

Avec la collaboration de :

Daniel Renzi

Masques : 

Miriam Kerchenbaum

« Il fait chaud cet été-là Vérone et par ces chaudes journées, tu le sais, le sang est fou et bouillonne. »

Roméo & Juliette, acte III, scène I

Parallèlement au travail théâtral, l’Atelier 1 du Théâtre Spirale a participé, sous la direction de Pascal Baumgartner, à un film de fiction autour de Roméo et Juliette, Je verrai à l’aimer.

Dans L’Histoire du TigreDario Fo nous propose un discours positif tendu vers l’espérance. Dans une époque où le cynisme et le pessimisme semblent dominer nos pensées, cela nous fait du bien.

C’est un texte symbolique, inspiré d’une histoire chinoise que Dario Fo a entendue dans la campagne près de Shanghai. C’est l’histoire d’un soldat, c’est lui qui parle à la première personne. Il parle de la longue marche. Il descend des confins de la Mandchourie, quand juste au moment de traverser l’Himalaya, il est atteint par une balle tirée par les soldats de Tchang Kaï-Chek. Le projectile l’a blessé affreusement.

La plaie commence à gangrener, le pauvre est sur le point de mourir, il souffre, ses camarades savent qu’il n’a plus que quelques jours à vivre.

Un camarade du même village que lui songe à l’achever pour mettre fin à cette terrible agonie. Mais le soldat refuse. Il crie : « Je veux résister ». et c’est la première signification symbolique : résister même en face de la mort.

Il insiste pour que ses camarades l’abandonnent, il demande un revolver, une couverture, un peu de riz. Il reste seul. Il s’endort, mais comme un malheur n’arrive jamais seul, voilà qu’il est réveillé par le fracas d’un terrible ouragan qui approche. Une avalanche d’eau dégringole du ciel, elle grossit comme un fleuve sous ses pieds. Au prix d’un terrible effort il réussit à grimper sur une crête se la montagne, il traverse un torrent en crue. Sur l’autre rive, dans la paroi rocheuse.