Projet Berceuses

27/01/2023

Pourquoi chante-t-on des berceuses? Pour endormir son bébé? Pas seulement.

Parmi les formes musicales partagées par toute l’humanité, les berceuses occupent une place à part. Présentes dans quasiment toutes les cultures, elles sont sans aucun doute la première entrée de l’enfant à la musique. Elles lui ouvrent aussi la porte vers la communication en l’initiant à la mélodie et la prosodie de sa langue maternelle. Plus surprenant encore, elles éveillent l’oreille du bébé aux langues étrangères, elles stimulent sa mémoire et enrichissent même sa capacité de concentration. Les berceuses ont des bénéfices insoupçonnés sur les cerveaux des tout-petits.

Mon premier souvenir du chant et de la musique, c’est ma mère qui jouait de la guitare et me chantait des chansons traditionnelles chiliennes ou ses propres compositions inventées sur le moment. Des improvisations, des jeux, des rires. Des canciones de cuna, des lullabys, des berceuses. En fermant les yeux et en pensant à ces moments si lointains, j’ai l’impression de revoir sa peau, ses yeux de ses mains. Des sensations de tendresse en mélodie. De douceur et de complicité en quelques notes et quelques mots susurrés.

Les berceuses, ces musiques ancestrales, contiennent le pouvoir universel de la voix. Elles nous renvoient à nos plus tendres années avec un matériau minimaliste et intime. De nos jours nos sociétés, centrées plutôt sur l’individu, donnent moins de place à la transmission du savoir oral, aux vécus, aux traditions et à notre saisissante capacité de création. Nous avons oublié les chansons. Nous avons parfois oublié comment chanter. Nous avons oublié que tout le monde peut toujours chanter. Nous avons oublié la beauté, l’espièglerie, la joie et la douce nostalgie de ces chants. Nous avons oublié que ces chants nous relient. Elles nous rattachent par exemple aux personnes âgées, souvent isolés de leurs familles et proches. Nous ne laissons plus ces personnes remplir leurs rôles «d’ancien·nes» garant·es de la transmission.

Le chant est un bien universel qui ravit et rassemble au-delà du genre, de l’âge, de la culture, de la langue et de la religion. Chanter ensemble uni, fédère et intègre. C’est une expérience prodigieuse et magique. Tous les chants sont intrinsèquement des chants de célébration en ce sens qu’ils portent sur la soif de vivre et l’affirmation de la vie. Le chant a aussi ce pouvoir mystérieux de guérir.

Enfin la poésie nous décale du langage factuel pour nous entrainer dans celui tout aussi indispensable de l’imaginaire, de la rêverie, des grands sentiments, du rapport aux choses, et à la nature. Le langage poétique permet à tout être humain, dès sa naissance, de faire résonner, de tisser, de lier, d’égayer par les mots, et au-delà des mots, son humanité profonde.

LES ATELIERS BERCEUSES ET LE STUDIO MOBILE

Les ateliers berceuses proposent un moment de partage pour toute personne, de tout âge. Nous allons chanter ensemble et parfois seul·e. Nous allons revenir au son premier, à la respiration, à la polyphonie et à l’unisson. Nous allons aussi nous amuser, jouer avec nos voix comme des enfants.

L’atelier s’appuie sur une pédagogie active qui permet une démarche d’échange créatif. Il comporte différents temps: échauffement – jeux, écoute, corps –, pratiques concrètes, présentation de berceuses traditionnelles et enfin réflexion et élaboration d’un projet commun.

Nous allons enregistrer les berceuses proposées par les particpant·es, écrire des paroles et inventer de nouveaux airs de musique. Ces textes et musiques seront assemblées pour produire un ou des podcasts. Nous créerons un répertoire riche et diversifié, adapté au très jeune public comme aux adultes et senior·es.

Ce projet est dirigé par Michele Millner, accompagnée par Yves Cerf, Amanda Cepero, Jona Malaj et Sergio Valdeos, Il est réalisé en collaboration avec l’Université des cultures (UPA), Camarada, F-information, Appartenances-GE et l’Arcade sages-femmes. Le projet bénéficie du soutien du « Nouveau Nous » de la commission fédérale des migrations.